Des Cheveux de Vénus aux Splendeurs de la nuit – Proposition transectale de Digne à Auzet & vice versa, 2011
Verre gravé et plaques émaillées
De Digne-les-Bains à Auzet, Vallée du Bès, D900a, l’oeuvre se déploie en 9 points :
- Les cheveux de Vénus, Station d’Adiantum, Jardin Saint-Benoît, Digne-les-Bains
- La capture du Bès par la Bléone, Les Isnards, Route de Barles, D900a
- La mer burdigalienne, Route de Barles D900a
- Au fond du lit de la rivière (Oligocène), Route de Barles D900a
- La source chaude, Fontchaude, Route de Barles D900a
- Les effets du contact (secondaire/tertiaire), Route de Barles D900a
- La forêt carbonifère, à côté d’Auzet, Route de Barles D900a
- La cascade, à côté d’Auzet, Route de Barles D900a
- Isabellae ou la splendeur de la nuit, à côté d’Auzet, Route de Barles D900a
Commande dans le cadre du programme VIAPAC
Cette proposition artistique ressemble à une excursion scientifique, sauf qu’elle est davantage « une conversation intime et un regard rapproché » (PAGette, 2011).
Le parcours est ponctué de neuf stations d’observation, déterminées suivant une ligne qu’il traça sur la carte, tel un transect scientifique qui aide à déterminer un axe à partir duquel entreprendre des recherches.
Sur place, les neuf stations sont repérables par l’indication 0m. (0 mètre) sur plaques émaillées ou gravée sur plaques de verre. 0m. est lui aussi d’origine scientifique. Il est l’un des signes utilisés par les botanistes pour indiquer le début d’une zone naturelle à observer et étudier ; en ce sens, il est un outil de désignation dans l’œuvre de Gette. Néanmoins, aussi précis qu’il semble être, 0m. devient également un signe sensible, incertain et délicatement ambigu.
Sur l’ensemble du parcours, tous les intérêts artistiques et scientifiques de l’artiste se retrouvent, ils font magistralement écho aux spécificités du territoire : la géologie, l’entomologie, la botanique, la mythologie. Les neuf 0m. placés en certains points stratégiques traduisent ces singularités naturelles en espaces poétiques, car ils sont comme réinterprétés par l’artiste. En effet, à chaque arrêt, depuis le point 0m., la découverte du site s’accompagne d’un titre, tantôt descriptif de la vue paysagère, tantôt attaché à un détail qu’il invite à découvrir.
« Si cette proposition doit beaucoup à une écoute un peu spéciale de la Botanique, de la Géologie et pour finir de l’Entomologie, elle sera inscrite dans sa totalité dans l’espace de l’art et il vous faudra un peu d’attention, mais pas beaucoup d’efforts pour l’appréhender. Vous ne risquerez pas votre vie en gravissant des montagnes ou à subir les violences d’un torrent, vous n’aurez qu’à prendre la route qui suit la vallée du Bès et ensuite une courte portion de celle de la Grave, alors avec un peu de chance, vous pourrez aller des Cheveux de Vénus aux Splendeurs de la nuit. » Extrait du texte d’introduction au livre, éd. Yellow Now, 2011, p.14
Paul Armand Gette s’amuse des étiquettes, il en manipule beaucoup, mais on ne peut lui en coller aucune. Amateur des sciences de la nature, il connaît très bien les outils de connaissance et les méthodologies scientifiques qu’il emprunte à des fins esthétiques. Selon lui, l’indexation de la nature est un sujet commun à l’art comme à la science ; les deux champs travaillent semblablement à partir de modèles, naturels (scientifiques) ou vivants (artistiques) ; ils produisent des images et des textes semblablement poétiques. Depuis les années 70, l’artiste définit ses travaux comme des « contributions à l’étude de lieux restreints ». Ainsi, se rapprochant au plus près de ses modèles d’observation, ses interprétations visuelles et littéraires interrogent la notion de point de vue, axe fondateur dans l’histoire de la représentation.