Jean-Luc Vilmouth, Comme un noyau, Voyage de l’esprit, 2011
Bronze (Fonderie Jacques Derigny, Malijai)
Fort Vauban de Saint Vincent-les-Forts
Coordonnées GPS : 44°26’44.02’’ / +6°22’26.16’’
Commande dans le cadre du programme VIAPAC
Collection Conseil Général des Alpes de Haute-Provence
Travaillant toujours à partir de l’existant, Jean-Luc Vilmouth s’est ici confronté au lieu, son histoire, le souvenir de ce qu’il fut et son identité actuelle : « Comme un noyau » signale à la fois le point de départ de son projet et les perspectives qui se déploient. Il présente la maquette réduite en bronze du fort Saint-Vincent, selon son plan d’origine. La maquette révèle ainsi la totalité de la bâtisse, alors qu’elle n’est aujourd’hui que fragmentaire. Si elle est la représentation exhaustive de la construction, le changement d’échelle évident traduit le passage du réel à l’imaginaire, un « Voyage de l’esprit ».
Comme le fort est sur son promontoire, sa représentation sculpturale en bronze est sur un bloc de pierre naturel plat. Extraite du site, cette pierre tient lieu de socle bas. Ce dispositif offre une vision icarienne sur l’ensemble de la construction. Elle fait écho à celle dont l’artiste jouit lors du vol en parapente qu’il effectua en survolant le site. Rien de très habituel donc dans cette proposition sculpturale, pourtant d’apparence si ordinaire. Elle force à envisager la multiplicité des points de vue d’un site et d’un paysage : terrien, céleste, historique, contemporain.
« Un objet n’existe pas seul au monde, les choses ne sont que parce qu’elles entrent en relation avec ce qui les entourent. Ainsi dans les intervalles entre les objets, le monde et l’homme, peuvent se glisser des fragments d’émotions, d’images ou de récits. »
site : http://www.jeanlucvilmouth.com/
« Cette maquette réduite du fort Saint-Vincent a été placée dans un endroit stratégique choisi en accord avec les propriétaires. A partir de ce lieu, le public pourra percevoir cette maquette comme si c’était le noyau de l’ensemble du fort Saint-Vincent, comme si le fort avait été construit à partir de là. Quand on se promène dans le fort on n’arrive pas à percevoir cet ensemble parce que c’est trop grand. Il y a aussi des parties qui ne sont pas visibles pour le public parce que cela correspond à l’espace privé des propriétaires. Ce prpjet correspond également à un travail de mémoire parce qu’il y a des parties usées par le temps, qui sont tombées ou qui existent encore en tant que ruines. Ce projet propose aussi de reconstituer, reconstruire ces trous dans notre mémoire ». extrait de ViaPAC, p. 90
Durant toute sa carrière, Jean-Luc Vilmouth s’est préoccupé de ce qui ne saute pas aux yeux : les liens entre l’homme, les choses et la réalité du monde. Comment mettre au jour ces liens ? Comment les donner à voir et à ressentir ? Sa réponse fut : « augmenter le réel ». En s’appropriant des objets, en en modifiant l’aspect par la sérialité ou l’agrandissement d’un détail, il tenta de ranimer des sentiments, de rétablir d’autres énergies et de provoquer de nouvelles vibrations. À partir de situations urbaines réelles ou de choses existantes, toujours empreintes de mémoire selon lui, il a tenté de dégager le potentiel narratif susceptible de façonner des expériences, « des conditions de passages d’émotions et des façons d’être en contact avec l’environnement » (JLV). De cette compréhension nouvelle du réel, il développa plusieurs projets de partage collectif dans le cadre de performances ou installations dans l’espace public, propices à la mise en situation du spectateur. Les nombreuses commandes publiques qu’il réalisa, en Europe et au Japon, accomplissent intimement ses objectifs.