Catherine Marcogliese, Parterre III, 2000
Métal, plantes aquatiques, eau
Musée Promenade, Digne-les-Bains
Dans le parc qui mène au Musée Promenade de Digne-les-Bains, Catherine Marcogliese réalise Parterre III, une installation de plantes faisant pendant à Parterre IV, une pièce intérieure couvrant le sol de la galerie du CAIRN lors de son exposition en 2000.
Parterre III se développe dans le bassin naturel du jardin. Il présente l’encadrement métallique de plusieurs formes, des conteneurs, reprenant celles d’arabesques mais suggérant l’ammonite, largement présente sur le territoire du Géoparc. Ces formes sont emplies de terre et plantées d’espèces aquatiques. Chaque année, dès le printemps, la croissance des plantes déborde et empiète sur le dessin original du parterre ; la végétation reprend ainsi ses droits sur les traces de l’intervention humaine. L’emplacement de cette installation souligne le contraste entre la régularité d’un parterre et le chaos primitif de la forêt. Avec cette œuvre discrète, l’artiste entérine le processus naturel qui contrecarre tout ordonnancement de la nature par l’homme, bien contraint de se plier à ses exigences. L’inutile ambition de maîtrise rencontre l’exubérance magnifique de la vie et les mouvements de croissance naturelle.
« Parterre : n. m., Ensemble de fleurs, de gazon, de buis, etc. formant une surface décorative au sol entre les allées. (définition extraite du Vocabulaire de l’architecture, Ministère des Affaires Culturelles, Paris, 1972).
L’installation, Parterre III, souligne le contraste entre la régularité d’un parterre et le chaos d’une forêt. Les formes de feuilles stylisées, qui rappellent les formes arabesques utilisées dans les grands jardins formels, sont plantées et, éventuellement, envahies par les plantes sauvages indigènes du parc de la Réserve. Le chaos des plantes qui oblitèrent le dessin du parterre fait allusion à la futilité de nos efforts de maîtriser la nature, dans ce cas, à travers le jardin architectural. Parterre III est une installation qui trouve son aboutissement dans le temps, « le temps de la croissance que l’œil ne peut saisir qu’au travers d’un moment du cycle naturel et que fige la photographie ». Il est donc nécessaire de se porter témoin de ces changements progressifs qui représentent la reprise du site par la nature et qui effacent nos tentatives inutiles de laisser des traces de notre présence sur son visage. » Propos de l’artiste.
Vivant en France depuis 1988, la canadienne Catherine Marcogliese est diplômée en peinture et histoire de l’art de l’Université Concordia de Montréal. Les enjeux esthétiques de l’image restent liés aux différentes séries qu’elle a réalisées, en proposant parfois une extension de la photographie vers des installations ou en mettant en évidence sa « picturalité ». Elle travaille et manipule l’image afin d’en optimiser la forme, la couleur ou la planéité du support et de l’espace. Le paysage et l’environnement naturel ou construit constituent l’essentiel de ses thèmes par lesquels le regard se forge dans l’intimité de l’interprétation. Once Upon a Time in the West (2014), Histoires Naturelles : Spectres et Monstres (2015) ou encore Whiter than White – Paysages Domestiques (2017) conjuguent visions réaliste et onirique pour examiner les points de jonction culture / nature.
