Andy Goldsworthy, Cairns d’eau – Water Cairns

Andy Golsworthy

Andy Goldsworthy, Cairns d’eau – Water Cairns, 1998

Cinq sculptures en pierre sèche

Musée Promenade, Digne-les-Bains

Les cinq cairns d’eau ponctuent le sentier d’accès au Musée Promenade, Géoparc de Haute Provence, qui suit un ruisseau souterrain. Chaque cairn est creux, comme une chambre d’écho amplifiant le bruissement de l’eau plus ou moins perceptible sur le parcours. Du premier cairn silencieux, au dernier, le mystère s’estompe peu à peu.

 

« Mon travail est tellement enraciné sur place qu’on ne peut le séparer de son lieu d’élaboration : le travail est le lieu. »« Les bâtiments sont des empreintes dans lesquelles j’ai mis mes pas. Le mouvement des gens dans un paysage, qu’il s’exprime par un chemin, une route, un village abandonné ou une ferme, est pour moi une expression du passage d’êtres humains en connexion intime avec la terre. Les gens sont la nature. » (entretien avec Nadine Gomez, dans Cairn -laboratoire artistique en montagne, éd.Fage, 2021, p.190)

 

L’anglais Andy Goldsworthy a une intelligence toute personnelle du temps et de la nature. Après ses études artistiques à partir de 1979, tout en travaillant dans une ferme, il commence à réaliser des sculptures éphémères, faites de sable, de neige, de pierres, de feuilles, de pétales ou de glace.

Depuis les années 80, il est d’ailleurs connu à l’échelle internationale pour ses interventions dans l’espace naturel. Sans grandes modifications de l’ordre des choses, il observe, collecte et assemble méticuleusement les éléments fragiles, pour créer des compositions aux équilibres précaires dont il photographie les différentes phases conduisant à leur disparition (Leef river stone, 1999 ; Feuilles d’iris agrafées entre elles par des épines, remplies en cinq endroits par des baies de sorbier, 1987). Confrontée aux intempéries et aux modulations de la vie naturelle, l’œuvre désigne un autre temps, celui des rythmes et des flux : le temps cosmique.

Attentif au caractère social du territoire, l’artiste inscrit aussi sa démarche dans une intime relation à l’histoire et aux gens qui y vivent et y travaillent. À l’issue d’une première invitation à Digne en 1997, un travail de collaboration sur le long terme s’est engagé ; l’ambitieux projet Refuge d’Art comprend aujourd’hui sept œuvres sur sites et lieux de vies passées, ancrés dans l’histoire agricole des montagnes dignoises. Les limites géographiques de ce territoire sont également marquées par la présence de trois Sentinelles, véritables gardiennes de chacune des trois vallées. Au fil des années, Digne est devenue un extraordinaire atelier à ciel ouvert pour Goldsworthy. Il envisage ses interventions avec beaucoup d’humilité, face à la puissance du paysage et la réalité de ceux qui l’habitent. Il a pu concevoir et réaliser ici, en toute liberté, une partie de ses projets artistiques les plus complets.

Le musée Gassendi est aujourd’hui le seul au monde à conserver le plus grand nombre d’œuvres de l’artiste et devient un lieurefuge pour une collection de ses œuvres.