Richard Nonas, COL
Au cours de l’été 2019, deux nouvelles œuvres de Richard Nonas seront intégrées à la collection du Musée Gassendi. Le col de la porte entrouverte au sein de la salle des paysages du musée et le col du deuxième jour, installée « hors les murs » sur la montagne dominant la ville de Digne-les-Bains, le Cousson.
Le col du deuxième jour est un alignement de soixante-dix-sept poutres de chêne, installées sur le plateau qui s’ouvre entre les deux sommets du massif du Cousson. L’œuvre, mesure 90 mètres de longueur et marque le passage, le col entre les deux sommets de la montagne. Elle est elle-même un « col ».
Cette structure aux formes minimalistes et au matériau brut nous renvoie à l’aspect sculptural de la montagne. La répétition des modules, potentiellement infinie, nous invite à les longer et à traverser cet espace, en suivant tous les mouvements du sol, à continuer notre chemin et notre expérience avec le lieu.
En marchant, nous « passons le col » tout en découvrant la sculpture, nous interagissons avec l’œuvre le long du chemin. Ce passage, qui peut aussi devenir une halte, nous rappelle le lien essentiel qui unissait les habitants à la marche et à la montagne.
Le site surplombe la ville de Digne-les-Bains où est installée Samten Dzong, ou « résidence de la réflexion » en tibétain, désignant la maison de l’écrivaine et exploratrice Alexandra David-Neel. L’œuvre sur ce site, fait écho à la quête spirituelle de l’exploratrice étroitement associée à la grandeur, à la puissance et au silence des massifs traversés.
Les deux installations se répondent, elles surgissent dans un lieu, le transforment et nous en offrent une nouvelle lecture. Nous croisons nos perceptions d’un espace à l’autre, l’artiste dit vouloir « rouvrir et refermer la partie du monde où ses sculptures sont placées ». Ces deux œuvres extérieure et intérieure dialoguent entre elles de la mémoire des sites qui les accueillent.
Richard Nonas est formé au départ à l’anthropologie, science qui cherche à penser et comprendre l’Homme au travers de ses cultures. Pour lui, la montagne est le seuil, le « col » du monde, c’est l’endroit d’une « humaine inhumanité ». C’est aussi un espace qui concentre toutes nos questions, et interroge la tension entre nature et culture. Ces interrogations pénètrent et perturbent notre idée de l’art et notre spiritualité.
Ces structures, explique-t-il, mettent en lumière la résonnance instinctive que nous pouvons ressentir avec le lieu, et pourtant cette dimension, ce lien ressenti avec un espace reste « infranchissable ». Pour l’artiste la sculpture parvient à signifier une part de la réalité complexe dans laquelle nous vivons. Elle suggère le doute et l’incertitude auxquels nous sommes soumis, nous les humains.
Au musée l’œuvre Le col de la porte entrouverte est accompagnée d’une vidéo réalisée par Jean-Baptiste Warluzel.