Échappés du musée avec Abraham Poincheval

par Musée Gassendi dans Non classé

En attendant de pouvoir rentrer dans le musée pour découvrir la saison 2 de l’exposition What’s in a Bird ?, Abraham Poincheval a fait échapper des réserves les animaux naturalisés. Vingt-huit espèces sont rassemblées dans une vitrine vacante du centre ancien pour se raconter des histoires d’animaux en théâtre d’ombre.

 

Au n°13 de la rue de l’ancienne mairie, les passants auront la surprise de trouver derrière la vitrine d’un ancien commerce, un groupe d’animaux. L’incongruité du rassemblement est accentuée par la variété des espèces qui n’ont aucune chance de se côtoyer ailleurs que dans un zoo ou un musée d’histoire naturelle. Et pour cause, ces vingt-huit animaux naturalisés proviennent des réserves du Musée Gassendi dont ils semblent s’être évadés pour venir assister à un théâtre d’ombre joué par le Calao. L’oiseau coiffé, dont la silhouette dessine un grand bec ouvert, devient le conteur d’un récit d’animaux pour animaux. A moins que tous les animaux ne montent sur scène tour à tour pour rejouer une sorte de carnaval des animaux[1].

Captivés par la projection, les animaux spectateurs se détournent du regard humain, pour lequel ils ont pourtant été créés au 19ème siècle par les taxidermistes. On surprend un moment où l’on n’est pas convié, tel Actéon à la vue de Diane et les nymphes au bain. A la manière discrète d’une petite souris, seul le lérot, nous observe en train d’observer, nous faisant prendre conscience de notre propre regard.

Motif de l’histoire de l’art, le regard dans le tableau prenant à témoin le spectateur, convoque un autre face à face, celui de deux approches de l’art contemporain dont la démarche d’Abraham Poincheval se nourrit. L’une minimaliste symbolisée par le monochrome et le néon, l’autre plus spectaculaire et colorée dans la tradition de la mise en scène.

d’après un entretien d’Abraham Poincheval, écrit par Laurie Honoré.

[1] Camille Saint-Saëns, Carnaval des animaux, 1886. Il s’agit d’une suite de 14 mouvements de courte durée (quelques dizaines de secondes pour les plus courts, 6 ou 7 minutes pour les rares plus longs), s’inspirant chacun d’un animal et jouant avec virtuosité avec des citations facétieuses.

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